BannerFans.com
   On la remarque de loin perchée sur son promontoire, adossée aux bois, dominant champs et prairies de la Vallée Châtillonnaise. D'abord appelée église de Larrey avant qu'elle ne soit de Poinçon, gardienne de leur cimetière, elle appartient au destin communautaire des deux villages qu'elle surplombe et dont elle est le trait d'union.

Aux origines :
   Sa situation de hauteur isolée la met au nombre de ces "lieux où souffle l'esprit". Bien qu'aucune fouille n'y ait été effectuée, on peut affirmer que de temps immémoriaux cette colline fut un lieu sacré où cultes antiques, druides et temples romains se sont succédés.

St-Germain l'Auxerrois :
   Mort en 448 à Ravennes en Italie, après avoir évangélisé en Grande-Bretagne, St-Germain l'Auxerrois va servir de révélateur. La même année, la translation de son corps à Auxerre suivie d'un grand cortège, est marquée de miracles qui se multiplient sur le parcours. Son renom est tel qu'en Cote d'Or 34 églises ont adopté son vocable. C'est probablement peu après, que des reliques représentatives du Saint-Evêque sont apportées à ce qui devient la première église St-Germain de Larrey, Poinçon n'étant peut-être alors qu'une dépendance.

La légende et les miracles à Saint-Germain :
   C'est à l'époque carolingienne, vers 870, que le moine Héri de l'abbaye St-Germain d'Auxerre, décrit les faits merveilleux et les pèlerinages sur la colline :
   "Au pays du Lassois, dans le diocèse de Langres, il est un célèbre village du nom de Larrey, près duquel une église consacrée aux reliques du très Saint-Evêque est située à quelque distance au sommet d'une montagne. C'est pourquoi les dignitaires de la région voulurent démolir la basilique pour la reconstruire à l'intérieur de l'enceinte du village, mais tous leurs efforts furent vains. Ils essayèrent à plusieurs reprises; mais chaque fois qu'ils voulaient déplacer la pierre sacrée de l'autel pour enlever les reliques, elle demeurait immobile, tant figée par son poids qu'il fut facile de comprendre que la providence ne permettait pas qu'on déplace l'antique culte de ce lieu. C'est ici que de tout temps se sont produits les faits miraculeux les plus grands, mais surtout c'est à la fête des calendes d'octobre que les manifestations divines apparaissent avec le plus de splendeur aux pèlerins qui affluent".
 
   "Ainsi lors de la célébration de cette fête annuelle, où le peuple se pressait comme d'habitude, il advint qu'une femme aveugle s'y trouvait, venue du village de Marcenay, situé tout près; Entrant dans la basilique, elle demanda, suppliant par des prières et des voeux, la guérison de sa cécité. Alors que les fidèles étaient réunis pour une veillée, devant l'assemblée qui regardait, le sang commença de perler de ses yeux, en quelques instant les ténèbres se dissipèrent, elle distingua la lumière du jour, puis vit clairement toutes choses et passa cette journée en actions de grâce et louages..." .
 
  "L'année suivante parmi la foule à cette fête, un habitant de ce même village de la famille de St-Mammès, perclus de tout son corps et rampant, pria si sincèrement Dieu qu'il retrouva en présence de tous et par l'intercession du St-Evêque son maintien naturel. De telles guérisons apportées journellement avaient rendu le lieu très fréquenté : quiconque parvenait pleinement à la sainte fois en revenait soulagé..." .

Du Moyen-Age à la Revolution :  
   Dans la première moitier du 12è siècle on retrouve le nom de l'église de Larrey (ecclesiam de Lairico) parmi les possessions de l'abbaye Notre-Dame de Châtillon. Puis la donation complète avec la partie Poinçon est effectuée en 1194 par l'évêque Garnier avec tous les bénéfices afférents.
 
   Une incertitude demeure quant à la durée des travaux. Dans le Guide de la Côte d'Or, se référant seulement à la date ci-dessus, André Guillaume écrit "bien qu'elle paraissent appartenir au 15è siècle elle est en réalité du 16è siècle".
   D'un avis plus nuancé, le rapport de la Commission des Monuments Historiues par Selmersheim en 1914, affirme que seule la nef est du 16è siècle, le choeur et le transept étant du 15è siecle; Il ne précise malheureusement pas les détails qui lui permettent de faire cette distinction.
   La construction se serait étalée entre la fin du 15è siècle et le début du16è siècle, et on aurait progressivement remplacé l'église précédente, ce qui parait plausible par quelques détails : d'une part chacun s'accorde à penser que le style très homogène est plutôt celui du 15è siècle. D'autre part, Courtépée mentionne vers 1780 ce mausolée, disparu à la Révolution, de Mile de Granceyet de sa femme Marie d'Anglure, morts respectivement vers 1495 et 1470, seigneurs de Larrey, ils ont tenu à être enterrés dans la partie nouvelle de l'église encore inachevée au 15è siècle et pour laquelle ils avaient du être les principaux donateurs; l'animal qui figure au clefs de voûtes est peut-être de plus le lion des Grancey.
  C'est un peu plus tard, sans doute au début du 17è siècle, qu'on a ajouté à l'église une avant-nef appelée "vestibule" et qui sera détruite en 1827. On en connaît les dimensions, 15x6m, les murs ayant environ 5 m de hauteur. L'architecte Duvaux écrit en 1830 de ce vestibule : "Il était construit sur le coté de l'église, car il avait un contrefort dans l'intérieur à gauche et l'autre en dehors à droite". Cette curieuse disposition décalée montre que l'ouvrage n'avait pas été prévu au plan d'origine mais rajouté lorsque la population des villages eut augmenté.
   En 1769, une partie de l'église menace de ruine, il est urgent de la réparer. On réfectionne le "beffroid", l'intérieur est blanchi, les 3 cloches refondues sont remplacées par la cloche toujours actuelle nommée par le Prince de Condé. Pour cette opération l'oeil de boeuf de la voûte de la nef est agrandi. En 1784, le tonnerre tomba sur le clocher et causa beaucoup de déprédations en l'église où il descendit. Il faut refaire 3 contreforts et quelques réparations au pignon dans lequel est pratiqué le portail. L'édifice étant insuffisant pour contenir tous les paroissiens, on projette même d'établir une tribune.

Heurs et malheurs de deux siècles : 
   La traversée de l'époque révolutionnaire fut été très difficile : l'église va être fermée au culte de 1793 à 1830 et subir des déprédations. En 1819 les conseils municipaux déplorent que "cette église est remarquable par la beauté de sa construction" et désire le rétablissement de l'église de Poinçon-lès-Larrey et prie les autorités supérieures d'accorder la demande de réstauration. Les dégats devaient être impportants car il faudra attendre 11 ans de plus pour atteindre la réouverture de l'église et son culte. 

église saint germain de poincon les larrey et sa nef
  Voici notre belle église avec son avant nef de 1827. Carte postale de 1920.
 
   Le vestibule fut détruit en 1827 car il fut très endommagé. On le remplace par un autre, qualifié parfois de "porche". Ce n'est malheureusement pas une réussite architecturale et les critiques sont sévères : "on a démoli la façade pour construire cette sorte de grange qui allonge la nef et au dessus de laquelle on a établi une terrasse"; "Son style bizarre n'est pas en harmonie avec le reste....sa couverture en bitume ne parait pas lui promettre une longue durée..."; "Cet avant corps d'une architecture différente gâte la perspective"

    En fait les municipalités ont chercher à composer avec les dépenses prévues (18 000 F) : les fenêtres, la croix du clocher, la totalité du dallage et de la couverture en laves. Les travaux donneront lieux à des contestations, des expertises et des polémiques.

   En 1830, le culte est enfin rétabli officiellement. 
 
  La "terrrasse" (qui est en fait le toit, toit plat) de l'avant-nef n'ayant pas résistée longtemps à la violence des vents, on la remplace en 1845 par une vraie toiture à deux pans à 45° avec couvertures en lave, ce qui améliore sensiblement l'aspect de la façade.

   En 1867, le grand vitrail de la Résurrection est offert par les familles Thoureau et Philipont (de Larrey) et de la Charmoi (de Poinçon) et  la boiserie qui entoure le choeur par un anonyme de Poinçon. 

   La couverture est refaite en 1876 et 1896 (pour le choeur), avec introduction de l'ardoise.

    En 1914, une proposition de Classement par les Monuments Historiques aboutit seulement à une Inscription à l'Inventaire Supplémentaire en 1925.

   A la fin de la 2è Guerre Mondiale, vers 1944, faute d'entretien et à la suite de violent orages, la toitures de l'avant-nef s'effondre : celle-ci n'aura durée qu'un peu plus de 100 ans. 

  La population des deux communes réunis n'atteignant à peine 500 habitants, la pratique religieuse avait baissée, surtout à Poinçon. Larrey se sentait moins concerné depuis qu'en 1883 une nouvelle église avait été édifiée dans le village même. Par contre, Poinçon n'avait plus d'autre lieu de culte que Saint-Germain depuis la destruction en 1901 de sa chapelle St-Nicolas. 
 
La situation actuelle : 
   L'église était depuis toujours copropriété des deux communes mais se trouvait sur le territoire de Larrey. La donation qui a été faite à Poinçon est l'aboutissement logique des évênement de 1883 et 1901 évoquée précédemment. Elle a été proposée par Larrey le 16 novembre 1977 avec un morceau de son territoire et acceptée par Poinçon : "Larrey ne voulant plus effectuer de dépense à l'église St-Germain, car il possède une autre église....il est plus logique que Poinçon entretienne une église lui appartenant sur son territoire sans être tributaire de Larrey..". 

   Larrey ne se désintéresse toujours pas complètement de son ancienne église paroissiale et "l'opération vitrail" le montre : la création d'un comité de sauvegarde de l'église Saint-Germain, présidé par les maires des 2 villages aboutit en 1982 à la refection du grand vitrail de la Résurrection, inauguré le 17 avril 1983. 

   On a aussi recimenté les contreforts du chevet. La refection du clocher et de la toiture est à l'ordre du jour et devrait être réalisée dans un futur proche. 


   En 1984, un évênement rare s'est produit en cette église Saint-Germain. En effet, le 2 décembre 1984, Saint-Germain-De-Poinçon (Son nom complet) est choisi pour servir de cadre à l'ordination d'un prêtre, Bernard Lachaise, en présence de Monseigneur Balland évêque de Dijon. 

Informations tirées du livre de M. J.Cl. Dupuis. 
 
 



Créer un site
Créer un site